lundi 12 juillet 2010

Espagne - Pays-Bas, que reste-t-il de leur réunion ?

Un hymne national (Le Guillaume, attribué dans son texte définitif de 1572 à de Marnix) qui atteste : «Guillaume de Nassau / je suis, de sang germanique, / à la patrie fidèle / je reste jusque dans la mort. / Un Prince d'Orange / je suis, franc et courageux, / le Roi d'Espagne / j'ai toujours honoré.» ?
Les Pays-Bas et l’Espagne ont déjà été réunis à une époque où l’on jouait au ‘foteballe’ dans les rues de Londres au grand dam d’Elisabeth 1er.
Un peu d’histoire. Les entités féodales des Pays-Bas en lutte contre l’Empire germanique avaient été rassemblées dès 1467 dans les Etats bourguignons sous Philippe Le Bon, puis Charles le Téméraire. Les ducs de Bourgogne avaient l’ambition de constituer une vaste puissance intermédiaire entre la France et le saint Empire.
Fille unique de Charles et d’Isabelle de Bourbon, Marie de Bourgogne épouse Maximilien Ier de Habsbourg. A la mort de Charles, sans fils héritier, les possessions bourguignonnes sont divisées et les Etats Bourguignons du nord échoient à la Maison autrichienne des Habsbourg.
Marie et Maximilien donneront naissance à Philippe (le Beau), qui épousera en 1496, à 18 ans, Jeanne la folle. Jeanne la Loca est espagnole (Tolède). Philippe et Jeanne auront un fils Charles, né à Gand. D’autrichiens, les Habsbourg sont un temps hispano-hollandais. Après avoir bataillé un peu partout en Europe, Charles, devenu Charles Quint, abdique en 1555 et les Pays-Bas sont légués à son fils Philippe II, né à Valladolid.
Alors que les riches Pays-Bas avaient constitué le moteur de l’empire de Charles Quint, de culture néerlandaise (il avait passé sa jeunesse aux Pays-Bas), Philippe II, de culture espagnole, privilégia les richesses venues d’Amérique et le combat contre la France. Dès 1567, les 7 provinces à majorité protestante s’engagèrent dans une longue lutte d’indépendance jusqu’à la Paix de Münster de 1648 (proclamation de la République). L’hymne de 1572 célèbre un roi d’Espagne qui a encore quelque crédit dans le pays. Mais on se souviendra que les massacres perpétrés par Fernando Alvarez (le duc d'Albe), vice-roi des Pays-Bas de 1563 à 1573, avec le soutien du pape Pie V, ne firent que démultiplier la « révolte des gueux ».
La révolution calviniste hollandaise s’est évertuée à faire disparaître les traces du vieux catholicisme. Le touriste avisé prendra un certain plaisir à repérer les dégâts encore visibles aujourd’hui provoqués par l’iconoclasme protestant (voir la cathédrale Saint-Martin d’Utrecht et l’église Saint-Etienne de Nimègue).
Mais si le touriste déniche peu de traces de l’Espagne aux Pays-Bas, ce n’est pas en raison de l’iconoclasme. Les Espagnols débusqués n’ont guère eu le temps d’influencer le pays. L’inverse n’est pas vrai.
On rapporte la passion de Philippe II pour l’œuvre de Jérôme Bosch (dit El Bosco, né vers 1450 à 's-Hertogenbosch où il est mort vers 1516). Le roi d’Espagne chercha à s’approprier toute l’œuvre du peintre hollandais que d’aucuns considèrent comme hermétique. Le souverain fut sans doute abusé par des pasticheurs. Quoi qu’il en soit, on profite de sa collection au Musée du Prado (Madrid). Mention spéciale aux « 7 péchés capitaux » que Philippe II prit selon certains à titre de pense-bête.
Fray José de Sigüenza, conseiller de Philippe II, n’a-t-il pas merveilleusement ramassé l’oeuvre : « La différence qu'il me paraît y avoir entre les tableaux de Bosch et ceux des autres est que ces derniers ont toujours voulu peindre l'homme tel qu'on le voit du dehors ; Bosch, lui, a le courage de le peindre tel qu'il est intérieurement. »

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