dimanche 12 décembre 2010

Digression à partir de la rencontre avec nos écrivains, ce dimanche 12 décembre 2010 de 14 à 19 heures au Paradis Café (ancien manège) à Verviers

La venue à Verviers de Béatrice Szapiro, auteur de La fille naturelle (1997) qu’elle dédie à son père, Jean-Edern Hallier, est l’occasion d’aborder le chapitre extrêmement délicat et risqué des auteurs et artistes infréquentables parce que frappés de l’accusation d’antisémitisme.
La liste est longue :
Hallier (mort en 1997) est connu pour ses propos antisémites dans L’Idiot International, au sujet duquel s’est cependant tenue une (modeste) exposition à la Mairie du VIème arrondissement de Paris en mars 2009, considérée comme scandaleuse.
Marc-Edouard Nabe, né en 1958 à Marseille, collaborateur de JE Hallier, est l’auteur de l’antisémite Au régal des vermines (1985), réédité en 2005. Nabe était soutenu, au nom du style, en 1985 par Michel Polac et de nos jours par les chroniqueurs du Nouvel Observateur, Aude Lancelin et Delfeil de Ton, ainsi que par le chroniqueur Eric Nolleau (en 2009) : «Moi je pense que c’est un grand écrivain, Nabe. Mais jamais on ne va aller dans le détail de son texte, on va dire “antisémitisme”, on va parler de ses frasques, on va sortir du contexte tel ou tel passage, mais jamais on ne va parler du texte. Voilà, ça va être le personnage qui va occulter, pour toujours je le crains, l’écrivain véritable qu’il est.»
Le dessinateur Siné, connu pour ses idées anarchistes, a publié en 2008 dans Charlie Hebdo un texte aux relents antisémites. Son licenciement a été dénoncé par Philippe Geluck et Guy Bedos, parmi tant d’autres.
Jean-Luc Godard : son antisémitisme fait grand débat depuis le livre de Richard Brody (2008).
Même Pierre Assouline peut être cité, bien qu’il ait relayé les accusations contre Godard, parce qu’il s’est joint aux adversaires de Bernard-Henri Lévy, accusés d’antisémitisme. Pierre Assouline est connu en Belgique pour ses biographies de deux personnalités qui ont alimenté des débats dans lesquels on a pu les qualifier d’antisémites de jeunesse : Georges Simenon et Hergé.
Pierre Péan, après son livre Le monde selon K (2009), se voit accusé d’avoir glissé sur un terrain nauséabond en dressant le portrait d’un Bernard Kouchner, adepte du cosmopolitisme et de l’affairisme, deux calomnies utilisées généralement par l’antisémitisme.
On ajoute bien sûr à la liste l’humoriste Dieudonné aujourd’hui soutenu par Bruno Gaccio (ex-Guignols de l’info) et Alexandre Astier (Kaamelott), le philosophe Edgar Morin qui a soutenu Siné, et d’autres moins connus dans notre pays.

Cela donne un tableau d’une extrême complexité. Il y a comme un trop-plein d’accusations qui tue les accusations. Et ce qui trouble particulièrement est le fait que les intellectuels (français) se partagent et s’opposent frontalement sur un sujet qui mériterait plus de respect. Comment donner encore du crédit à ces accusations d’antisémitisme quand elles semblent balayées (ou tournées en ridicule) par des soutiens de personnalités renommées et reconnues ?

Une part de la complexité réside dans le fait que les accusateurs se trompent (ou exagèrent) : ils confondent antisémitisme et antisionisme. Tout antisioniste serait nécessairement accusé à tort d’être antisémite. Le problème tient d’ailleurs aussi au fait des accusés qui jouent volontiers sur les deux tableaux en s’abstenant de tracer une limite claire.

L’égalité des droits entre les Juifs et les Arabes, sur une terre de Palestine unie et démocratique, peut représenter la solution de l’avenir. Elle permettrait sans doute de faire cesser cette activité, somme toute peu formative sur le plan de la morale, des intellectuels du pays voisin : accuser ou se défendre d’antisémitisme.

samedi 4 décembre 2010

correctifs

Des lecteurs attentifs se sont manifestés pour rappeler que 'Gangolf' et 'Tinguely' s'écrivent ainsi.

Merci à eux !

C'est l'occasion de Cliquer ici pour une illustration des propos tenus par Mme Degauque lors de son intervention, samedi dernier.

mardi 30 novembre 2010

Histoire de l'art public

Le 27 novembre 2010, se déroula la séance de réflexion sur l'art public et l'artiste contemporains, clôturant la contribution verviétoise au programme provincial en faveur de l'art public et de la citoyenneté.
Une trentaine de personnes en provenance de Verviers (ou de l'arrondissement) écoutèrent les interventions et y réagirent.
Première intervenante, Madame Degauque, professeur d'art et d'histoire de l'art, balaya l'art public depuis les cavernes jusqu'à ce jour.
On en retint notamment que l'oeuvre naît du regard du spectateur, et l'on nota l'intérêt qu'il y a à exercer ce regard.
Les modalités d'une éducation artistique (et culturelle en général) pourraient être examinées prochainement à Verviers.

Le compte rendu de l'intervention et des réactions sur l'histoire de l'art public est disponible ici.

jeudi 25 novembre 2010

Un avant-goût des débats auxquels vous êtes conviés ce samedi 27 novembre 2010

Télévesdre a interrogé l'un de ceux qui interviendront à la séance consacrée à l'art public et l'artiste contemporains, ce samedi 27 novembre 2010 à Verviers :
Adrian Jurado, artiste mexicain résident à Bruxelles, parlera de l'expérience mexicaine en art public, et puisera dans sa pratique les exemples d'un art engagé.
Selon lui, l'artiste a une responsablilité, un rôle à jouer dans la société. Les impératifs financiers, politiques, les effets de mode risquent de l'en détourner.
Rejoignez-nous pour continuer la discussion, ce samedi 27 novembre 2010 au polygone de l'eau à Verviers.

lundi 22 novembre 2010

vernissage des expositions Waterleau et Art public et Eau

Lors du vernissage des expositions entourant l'après-midi qui sera consacrée aux réflexions sur l'art public et l'artiste dans la société actuelle, Jean-Bernard Barnabé, Président de l'asbl Les Amis des Musées de Verviers, a bien cerné les contours du sujet :
"Que signifie l'expression art public? La commande publique ne concerne pas uniquement l'érection d'une statue (équestre, funéraire, ornementale), d'un monument figé pour l'éternité, ni même la conception d'un décor. Bien au contraire, commanditaires et atistes ont cherché à rompre avec cette terminologie pour confronter le passant à des formes nouvelles : une inscription murale, des caissons lumineux, des médaillons inscrits dans le sol, du mobilier, le traitement d'une place ou encore de la poésie. La notion d'espace public s'est d'ailleurs considérablement diversifiée et complexifiée. Si l'espace public fait immédiatement allusion à la ville, d'autres espaces sont à investir, et notamment l'espace virtuel du Web et des nouvelles technologies qui ne sauraient échapper au créateur. (...)".

La discussion promet d'être à la fois bien documentée, grâce aux orateurs, et passionnante...si vous nous rejoignez pour faire part de vos opinions sur l'art public et la relation de l'artiste avec la société.

Que vous soyez artiste, décideur, technicien, ou simple citoyen désireux de mieux comprendre la chose publique, rendez-vous ce samedi 27 novembre de 14 à 18 heures au polygone de l'eau, rue de Limbourg 41B à Verviers.

Entrée libre
Réservation souhaitée

samedi 20 novembre 2010

Pourquoi parle-t-on le français (ou presque) à Verviers ? (4ème partie)

A la fin du VIIème siècle, la région de Verviers est sous l’influence de la Principauté de Stavelot-Malmedy, dirigée par un prince-abbé, vassal. Les propriétés abbatiales sont soustraites partiellement à l’autorité du roi des Francs (système de l’immunité fiscale et autonomie pour la basse justice).

Un des princes-abbés, Saint-Anglin, qui régna 44 ans (jusqu’en 746), est connu grâce à un diplôme de Chilpéric III dans lequel le maire du palais, Carloman, fils de Charles Martel, restitue Lethernau (Lierneux) à l’Abbaye de Stavelot. Ce découpage inattendu reste d’actualité : Lierneux, excroissance de la Province de Liège dans celle du Luxembourg, fait partie de l’arrondissement de Verviers.

De son côté, Liège connaît un essor rapide grâce à l’évêque Saint-Hubert, dès 722, au détriment de Maastricht et de Tongres. En effet, étonnamment, ce n’est qu’à partir de cette date que l’on peut considérer Liège comme une cité qui ‘compte’. On peut émettre l’hypothèse qu’en réalité, Liège (villa Leodia) était une position de repli pour l’église, davantage distante de l’influence païenne des
Frisons qui ne s’évangélisèrent qu’en 785.

L’Abbaye de Stavelot
est placée sous le contrôle de l’Eglise de Cologne. Le parcours de Saint-Agilolfe, abbé de Stavelot, évêque de Cologne (en 747), qui, ayant abdiqué, serait, selon certaines sources, revenu à Stavelot, témoigne des liens entre les deux sites.

L’influence organisatrice de Saint-Boniface de Mayence (tué en 754 par les Frisons à Dokkum) est également importante : Saint-Boniface est à l’origine du ‘coup d’Etat’ qui mit fin au règne de la dynastie mérovingienne en 751.
Cela étant, l’Eglise catholique de Cologne emploie le latin et ne participe pas à la diffusion de l’idiome moyen-allemand.

Reprenons brièvement l’histoire des Carolingiens, soit celle de la prise du pouvoir d’une famille au sein des institutions franques : elle débute, en 630, avec le mariage de la fille de Pépin de Landen (maire du Palais d’Austrasie) avec le fils de Saint Arnulf, évêque de Metz issu d’une vieille lignée de l’aristocratie franque. De ce mariage naquit Pépin de Herstal qui prendra le contrôle des royaumes francs en 690.

Pourquoi Herstal ? Herstal est situé le long de l’ancienne voie romaine reliant Tongres à Trèves (et à Aix-la-Chapelle en bifurquant vers Herve à Fléron) qui traverse à cet endroit la Meuse (gué). Au VIIème siècle, il faut attendre l’été pour passer le fleuve pour partir en guerre vers l’est. Disposer d’un palais à Herstal présente un avantage stratégique à une époque où il faut contrôler la Neustrie (Paris) et l’Austrasie (Cologne). Les Carolingiens bâtissent également une résidence à Jupille, en face d’Herstal.

Pépin de Herstal meurt en 714 et après quelques péripéties, le fils issu de son second mariage, Charles Martel devient de facto souverain du royaume des francs, sans porter le titre de roi, de 717 à 741 (en 737, il décide même de ne pas remplacer le roi Thierry IV, décédé).

C’est un des fils de Charles Martel, Pépin le Bref, qui met fin en 751 à la dynastie mérovingienne et devient roi des Francs. Charlemagne, un de ses fils, devient roi des Francs en 768. Empereur d’Occident, il meurt en 814.

Après le règne de Charlemagne qui a soumis progressivement les Saxons, païens (797-804) et qui a créé les Etats pontificaux (774), c’est la grande aventure lotharingienne (traité de Prüm, 855 et ses suites : création de la Francie orientale ; Saint Empire germanique) et l’émiettement du territoire en une multitude de comtés et de duchés, dont le Duché de Limbourg à la longue histoire (1046-1806, sous domination du Brabant à partir de 1268), entité multilingue s’il en est.

Et les langues dans tout cela ? Il est permis de penser que les rois francs et les carolingiens continuèrent à parler le francique rhénan, dans la mesure où une de leurs préoccupations était d’élargir le royaume d’Austrasie vers l’est, ce que fit avec succès Charlemagne, qui avait fixé sa résidence principale à Aix-la-Chapelle. Mais l'unification politique réussie par Charlemagne ne dura pas assez longtemps pour que celui-ci imposât dans tout son empire une langue germanique.

Un élément historique nous apprend comment les langues ont évolué sous les Francs. En effet, le concile de Tours de 813, réuni à l'initiative de Charlemagne, prend une décision remarquable : dans les territoires correspondant à la France et l'Allemagne actuelles, les homélies ne seront plus prononcées en latin mais en «rusticam Romanam linguam aut Theodiscam, quo facilius cuncti possint intellegere quae dicuntur », c’est-à-dire dans la « langue rustique romaine » («langue romane de la campagne») ou dans la « langue tudesque » (germanique), afin que tous puissent plus facilement comprendre ce qui est dit ». (Canon 17)

C'est l'une des plus anciennes preuves qu'à cette époque le latin n'était plus ni parlé, ni compris par le peuple.

C’est du IXème siècle que proviennent les premières traces écrites d’une langue romane séparée du latin, précédant la langue d’oil : les Serments de Strasbourg (842) sont écrits en roman et en langue tudesque.

On peut douter que la version «romane» de ce traité entre deux princes carolingiens appartienne vraiment à la langue courante de l’époque. La version romane des Serments ne peut être considérée comme une représentation de la langue parlée au IXe siècle, car il ne s'agit nullement de la «langue romane rustique» parlée à l'époque, mais plutôt d’un texte rapporté par des lettrés et destiné à la lecture à haute voix.

Et Verviers ? Verviers, qui n’est citée qu’en 1131, est-elle habitée sous Charlemagne ? On note en tout cas que le site de Spa, habité aux IIème et IIIème siècles, est vraisemblablement abandonné au siècle suivant. Il faudra attendre le 12e siècle pour y retrouver les traces d'une occupation, selon les archéologues.

mercredi 17 novembre 2010

Le 27 novembre 2010 de 14 à 18 heures, au polygone de l'eau, 41B rue de Limbourg à Verviers, quatre interventions suivies de courts débats traitant de l'art public et de son auteur, abordant une part des nombreuses questions qu'ils posent :
Il y a-t-il une spécificité de l'art public? Quel impact l'insertion d'une oeuvre d'art sur le chemin des citoyens, dit "l'espace public" a-t-elle? l'oeuvre d'art public délivre-t-elle (nécessairement) un message au-delà de la fonction esthétique?
Comment décider de l'insertion d'une oeuvre d'art : où? commande ou concours? budget?
Il est utile d'informer le citoyen sur l'usage qui est fait de sa contribution financière au fonctionnement des affaires publiques, de le convaincre de la légitimité des besoins en éducation/formation, information, de favoriser sa réflexion sur les qualités de la société dans laquelle il vit, enfin de l'encourager à exprimer son opinion.
Les intervenants:
Michèle Degauqe, professeur d'arts plastiques, secrétaire-adjointe des Amis des Musées de Verviers
Adrian Jurado, artiste, professeur d'arts plastiques à la Maison de l'Amérique latine à Bruxelles
Michel Barzin, artiste
Patricia Gérimont, responsable du service de la Créativité, direction Education permanente, à la Communauté française de Belgique
Les réflexions feront l'objet d'une synthèse commentée par Claude Desama, bourgmestre de Verviers
La gestion des interventions et réactions sera confiée à Jean-Bernard Barnabé, directeur de l'académie des beaux-arts de Verviers, président des Amis des Musées de Verviers.

mardi 16 novembre 2010

Marc Dixon (photo ci-dessus) expose ses photos : Waterleau, tandis que l'asbl Les Amis des Musées de Verviers présente une part de ses oeuvres pour illustrer les thèmes de l'art public et de l'eau.
Les deux expositions accompagnent la séance de réflexions sur l'art public et l'artiste contemporain qui aura lieu au polygone de l'eau à Verviers, le 27 novembre 2010 de 14 à 18 heures.
Les expositions quant à elles débuteront le 19 novembre (vernissage à 18 heures) et seront visibles jusqu'au 3 décembre 2010 au Polygone de l'Eau à Verviers, rue de Limbourg 41B.

samedi 6 novembre 2010

La place de l'artiste dans notre société

Lors du vernissage de la porte de la paix d'Alain De Clerck à Verviers, le 8 octobre dernier, M le Député provincial Paul-Emile Mottard, initiateur du programme 'Aux Arts, etc.', a bien souligné l'un des objectifs poursuivis, à savoir une meilleure compréhension par le citoyen de ce qu'est l'art public.
De nombreuses initiatives en ce sens ont émaillé les programe dans les seize communes partenaires de la province.
A titre d'exemple, choisis de façon tout à fait subjective:
L'hôtel de ville de Flémalle voit son entrée 'caparaçonnée' de sacs de toile qui suggèrent un camp militaire.
Ces fortifications n'ont pas été conçues comme un symbole du retranchement dans lequel le service communal et ses agents fonctionnent, de l'isolement, voire d'une certaine lutte entre le citoyen et son administration, comme a pu le capter un oeil non averti.
Marie Zolamian explique : "des talus fortifiés constitués de sacs de terre (...) font référence à l'ampleur historique de la résistance de la région à tous les passages guerriers (...) la terre utilisée provient (...) de la cockerie de Flemalle. (...) caractère industriel de la région (...) désir de renaissance, de réhabilitation des terres polluées (...).
Quelle qu'en soit l'explication, l'oeuvre a suscité le questionnement.

A Visé, le concept mis en place consistait à offrir aux visiteurs des sucreries confectionnées par les artisans locaux.
Au nombre impressionnant de personnes présentes le soir du vernissage on eu pu croire que l'artiste avait réussi un pari de montrer combien l'art (en particulier l'art public) est moins populaire que la gastronomie...
Sylvie Macias Diaz quant à elle proposa simplement "aux glaciers et patissiers de la cité de (...) renouer avec 'le chef-d'oeuvre de réception' des compagnons". Son idée : une oeuvre patissière.
Qui sait si cette explication est bien la seule...


L'art public n'est pas toujours aisé à décoder. Le seul fait qu'il appelle l'attention est sans doute en soi un succès. Quels sont les motifs d'insérer l'art en rue ? Ceux-ci ont-ils évolué avec les époques ? Quel lien s'établit entre le créatif et le pouvoir public commanditaire?


Toutes ces questions seront débattues le samedi 27 novembre 2010 de 14 à 18 heures lors d'une séance de réflexions sur l'art public public et l'artiste contemporain :


historique de l'art public, par Michèle Degauque

art public, l'expérience mexicaine, par Adrian Jurado

situation de l'artiste contemporain, par Michel Barzin

apport de l'art public en éducation permanente, par Patricia Gérimont

conclusions par Claude Desama
modération par Jean-Bernard Barnabé

Le polygône de l'eau, rue de Limbourg 41B à 4800 Verviers nous accueille.

Le souhait de l'organisation est que l'assemblée soit aussi représentative que possible de notre société : artistes et autres citoyens, de tous horizons, sont les bienvenus.
Entrée libre, mais réservation nécessaire

dimanche 10 octobre 2010

Pourquoi on parle le français (ou presque) à Verviers? (III)

3ème partie : La fin de l’empire
Le Vème siècle est celui de l’effondrement du pouvoir romain, sous l'effet des invasions germaniques et principalement des Wisigoths. Pour la Belgique, c’est celui de la grande expansion des Francs. En 406, lorsque de nouvelles masses de Germains franchissent le Rhin et pénètrent en armes dans l'empire romain, ils ne rencontrent plus guère de résistance. En fait, les légions romaines partent défendre l’Italie et délaissent la Germanie.
Plus à l’ouest, Clodion le Chevelu (Franc Salien) en profite pour installer aisément les Francs à Tournai et à Cambrai en 428-431, suite à un compromis passé avec le général romain Aetius. Les Francs sont toujours officiellement au service de l’empire qui n’a plus que quelques décennies à vivre (fin en 476 - Ravenne est devenue la capitale de l’empire moribond en 404).
Dans les régions les plus au nord, la langue des Francs se répand. L’inscription en alphabet runique de Bergakker (Tiel) trouvée en 1996 sur une épée est considérée comme la phrase la plus ancienne en néerlandais (425-450).En participant, avec les Romains, à la victoire sur les Huns aux Champs Catalauniques (près de Troyes), les Francs de Mérovée deviennent en 451 les maîtres du nord de la Gaule.
Mais dans la seconde moitié du Vème siècle, les Francs Saliens sont supplantés à l’est de la Belgique par les Francs Rhénans (qui regroupent les Francs de Francfort et les Francs Ripuaires de Cologne). En 500, les Francs Rhénans atteignent Metz. C’est Clovis qui réunit les Francs en 508, l’union faisant la force face aux Wisigoths (qui occupent l’Aquitaine) et aux Alamans (qui occupent le sud de l’Alsace et de la Lorraine).
Le vieux-néerlandais a supplanté le celte et le latin dans le nord de la Belgique : plus tard, on l’appellera le limbourgeois ; il s’étendra jusque Eupen.
Après 460, sous l’action des Francs Rhénans, le moyen-allemand, séparé par la suite progressivement du bas-allemand (auquel se rattache le vieux-néerlandais) de part et d'autre de la ligne Ligne de Benrath, s’implante à Raeren - Eynatten - Hauset. Le francique mosellan, qui fait également partie du moyen-allemand, s’introduit à Saint-Vith et aux alentours.
nb: dans les cantons de l’est, la situation actuelle - recul du limbourgeois - résulte des conditions de l’intégration à la Prusse, des suites de la 2ème Guerre mondiale et bien entendu de la création des institutions de la Communauté germanophone qui diffuse l’allemand ‘standard’ (voir à ce sujet les travaux de Léo Wintgens).
On retrouve les mêmes interrogations quant à l’influence ‘miraculeuse’ des Francs sur le développement du moyen-allemand dans l’est de la Belgique, au Grand-Duché et dans le nord de la Lorraine, considérant que les historiens contestent à présent la présence massive de ces Francs non saliens dans ces régions.
En tout cas, l’expansion progressive des Francs vers le sud de la Gaule (en jouant sur les divisions entre Burgondes et Wisigoths) n’a pas été suivie par l’introduction de la langue franque sur l’ensemble du territoire. Durant les siècles, la colonisation romaine avait été infiniment plus importante dans l’actuelle France que dans les zones septentrionales en deçà du Rhin. Après une période de bilinguisme germano-latin, la plupart des colons francs se latinisèrent mais pas l'aristocratie franque qui continua d'employer sa langue.
Clovis est un général romanisé parlant le francique. Clovis n'a pas fait la guerre à la population gauloise. Son action est de préserver les structures romaines en Gaule (l’aristocratie gallo-romaine). Il reçoit les insignes royaux de l’empereur d’Orient Anastase qui cherche une alliance contre les Ostrogoths qui occupent l’Italie (jusque 557).

Sous l’impulsion du roi Baduila (surnommé Totila, "l’Immortel"), les Ostrogoths réalisent en 543 une réforme agraire de type égalitaire en faveurs des paysans italiens.
Aux yeux de l’Eglise, Totila sera un des 'nefandissimi', un monstrueux ennemi, au même titre qu’Alaric et Attila.


La fin de l’empire romain peut-elle s’expliquer par l’effondrement de l’esclavagisme ? Dans tous les cas, les ‘invasions barbares’ apportent les germes d’un nouveau régime social dans lesquels les esclaves deviennent des personnes : les serfs qui ne peuvent être chassés de leur terre. En contrepartie, ils doivent verser une partie du fruit de leur travail à un seigneur local. C’est sous Charlemagne que le nouveau régime va s’étendre et supplanter l’ancien.
A la mort de Clovis (511), la région de Verviers est plongée dans le royaume d’Austrasie jusque 751.
Les Francs croyaient aux dieux nordiques (à Asgard et à Wotan, le dieu principal). En prétendant représenter la continuité de l’empire d’Occident, l’élite franque s’associe à la nouvelle puissance de l’Eglise catholique. Quand au peuple, il ne partage pas nécessairement le même enthousiasme comme en témoigne l’aventure de Saint Eleuthère à Tournai (mort en 531).
La christianisation de nos contrées, après avoir été interrompue durant la première période franque, n’a véritablement recommencé qu’au VIIème siècle, sous l’impulsion de Saint-Eloi (ministre de Dagobert 1er) qui envoya Saint-Remacle (né en Aquitaine) fonder en 648 un monastère à Malmédy et puis en 651 l’abbaye de Stavelot, qui reçut des terres des rois francs (diplôme de Childéric II, 670).

vitrail de l'église de Saint-Léger sous Cholet (Maine et Loire) : Childéric et son frère Saint-Léger


Avec la disparition de tout lien centralisé, le latin vulgaire disparaît progressivement au profit d’une variété locale dont proviendra le wallon influencé plus ou moins par la langue des Francs. Stavelot semble un centre de maintien de la langue romane.
[A suivre]

mercredi 22 septembre 2010

Pourquoi on parle le français (ou presque) à Verviers ? (II)

2ème partie : la colonisation franque
Verviers est à 15 km de la frontière séparant le français du néerlandais. On considère généralement que celle-ci date de l’époque romaine et est due à la présence durable des Francs Saliens (à partir de 358 après JC et davantage encore après 406, date de l’effondrement généralisé de la frontière rhénane de l’empire romain) : ceux-ci sont réputés avoir apporté dans le Limbourg et dans le Brabant belgo-hollandais une variante du germanique septentrional (devenu plus tard le bas-allemand), langue mère du flamand.
Cependant, l'histoire de l'installation des Francs dans le nord de l’actuelle Belgique reste mal connue, faute de sources historiques.
Certains faits sont quand même à considérer comme probables:
Au milieu du IIIème siècle, après plus de deux siècles de pacification, la domination romaine commence à péricliter au nord de l’empire. L’incursion victorieuse des Alamans vers la Suisse en 258 marque le début de la fin. Brusquement, le pouvoir à Rome ne contrôle plus sa frontière germanique. En réaction, l’armée romaine du Rhin proclame l’Empire des Gaules qui va durer de 260 à 274. Cet ‘Empire’ s’appuie sur les Francs.
En 275, après la réunification de l’empire sous Aurélien, les Francs (courroucés par une perte d’influence ?) ravagent Tongres et détruisent une soixantaine de vicus en Gaule (par exemple Valkenburg). Ils arrivent même à Paris. En 277, l’empereur Probus réorganise la Germanie romaine en intégrant les combattants francs dans l’armée romaine (d’après les Panégyriques latins et le récit de Zosime au Vème siècle). C’est le début d’une longue histoire…
Qui sont les Francs ?
En raison des lacunes des textes latins, l’origine des Francs s’est prêtée à de nombreuses hypothèses et légendes.
Tacite, qui se veut exhaustif dans son catalogue Germania (en 98), ne parle pas des Francs. Pour beaucoup, l’histoire des Francs s’identifie à celle des Sicambres (Sugambri chez Strabon), peuple germanique cité dans La Guerre des Gaules de Jules César. Les Sicambres occupent les immenses forêts de la rive droite du Rhin (au-delà de Cologne).
« Courbe la tête, fier Sicambre » aurait dit l’évêque de Reims, Rémi, à Clovis, roi des Francs, en 499 (?), selon l’histoire racontée un siècle plus tard par Grégoire de Tours (Histoire des Francs, II, 31).
Le nom ‘Francs’ apparaît dans Histoire Auguste (œuvre romaine attribuée par certains à Nicomaque Flavien, fin du IVème siècle) qui les situe comme ennemis en 240. En ce temps-là, Aurélien (qui n’est encore que tribun) parvient, selon le récit, à remettre les Francs à leur place, soit sur la rive droite du Rhin. Mais cet écrit date d’une époque où les Francs sont bien connus. Probus a combattu les Francs et le fils de l’empereur Constantin, Crispus, les a vaincu en 320.
Une identité entre les Sicambres et les Francs est établie dans des écrits romains du Vème siècle (Claudien, Sidoine Apollinaire). Les Romains ont effectivement combattu les Sicambres en 12 avant JC (campagne du général Drusus racontée au IIIème siècle par Dion Cassius). Les Sicambres sont considérés par les Romains comme les plus intransigeants et les plus influents des Germains (sans leur accord, Auguste ne peut pacifier la frontière du Rhin). Suétone avance au début du IIème siècle qu’Auguste et Tibère déportèrent juste avant notre ère les Sicambres sur la rive gauche du Rhin (le nombre symbolique de 40.000 est mentionné), ce qui en termina pour un temps avec la résistance des Germains à l’empire.
De cette funeste dispersion des Sicambres, on peut tirer qu’à l’époque de Clovis et sans doute bien auparavant, le terme ‘Sicambre’ serait devenu un épithète, synonyme de ‘résistant à la romanité, l’évêque Rémi l’utilisant en plaisanterie.
Une autre explication consiste à rappeler que les Francs étaient cités par les auteurs comme une appellation générique des peuples Germains, une ligue dont font partie les Saliens qui vont ensuite faire beaucoup parler d’eux.
Reprenons le fil de l’histoire :
Constantin 1er, qui règne de 306 à 337, rétablit la romanité dans la région, reconstruit les villes et les frontières. Il érige un château à Maastricht à partir des pierres des temples démolis. Tongres est reconstruite et devient siège épiscopal (caput civitatis) du diocèse. La religion chrétienne, religion embrassée par la cour de l’empereur, est introduite par un des ses proches, Saint Materne, évêque tout droit venu de la capitale provinciale Cologne. Si Verviers est encore habitée, elle devient en ce cas terre de chrétienté et reste latine. L’économie de l’esclavage survit.
A Tongres, Saint-Servais fait bâtir une première ‘cathédrale’ en 350, mais choisit d’installer ses quartiers à Maastricht.
Dès 358, les Francs dits Saliens s’installent durablement en Germanie inférieure (ou Germanie seconde comme on la dénomme depuis Dioclétien au début du IVème siècle), au nord de la voie romaine Cologne-Tongres et jusqu’à à l’Escaut (la région est dénommée Toxandrie - on tient cette histoire d’un texte contemporain). Ils y sont autorisés, venus en délégation à Tongres, par le futur empereur Julien (à l’époque césar de Constance II), en gardant leur roi, leur religion, leurs lois et leurs institutions pour autant qu'ils s'engagent à contribuer à la défense de l'empire.
Curieuse coïncidence que le tracé de la frontière linguistique actuelle (Flandre-Wallonie) corresponde approximativement à celui de la voie romaine, à deux ou trois kilomètres près jusque Hannut (la frontière remonte ensuite au nord jusqu’à Hélécine, mais nous sommes déjà en Brabant wallon) …



Une autre coïncidence aussi troublante réside dans le fait que la frontière entre le picard et le wallon épouse approximativement la frontière ‘wallonne’ entre les deux provinces romaines, la Belgique seconde et la Germanie seconde. On observe que cette limite correspond à celle du diocèse de Liège, institution fondée au IVème siècle et calquée sur les limites de la Germanie seconde, dont le centre fut à l’origine Tongres déjà évoqué et se déplaça à Liège au VIIème siècle. Le diocèse de Liège devint Principauté de Liège et disparut sous la République française qui instaura les départements.
Certains historiens répugnent à reconnaître aux Francs Saliens la paternité du néerlandais, car ils s’expliquent mal comment si peu nombreux, ils auraient pu avoir une telle influence en peu de temps. De plus, comment comprendre que leurs chefs devinssent romanisés en descendant vers le sud, passés le Tournaisis.


Pour résoudre l’énigme, une autre école affirme que la Belgique était déjà fortement germanisée avant les Romains, de sorte que c’est naturellement après la chute de l’empire que le néerlandais (qu’on pourrait continuer à appeler par commodité ‘vieux-francique’) s’est développé vers le sud jusque Bethune et Etaples au VIème siècle. Il aurait ensuite reflué vers le nord en raison de la christianisation (et ses grands domaines agricoles), en particulier en Principauté liégeoise. Mais est-il intelligible que les langues romanes ayant fait reculer le néerlandais jusqu’au Xème siècle se seraient divisées selon une frontière interne à l’empire romain depuis fort longtemps disparu: à l’ouest, le picard et à l’est, le wallon ? Le mystère reste entier !
[A suivre]

lundi 20 septembre 2010

activités en perspective

Les expositions en cours à l'Espace Duesberg rencontrent un beau succès !
Pour permettre à ceux qui n'en ont pas encore eu l'occasion de voir les photos de la Havane ainsi que le Mural pour la Paix (avant son départ pour le théâtre national de Bruxelles), une rencontre avec les artistes est organisée le samedi 2 octobre 2010 de 15 à 16 heures 30. Cette séance de clôture des expositions sera l'occasion de présenter les travaux réalisés en ateliers et d'expliquer la pédagogie appliquée. Réservation souhaitée pour le 29 septembre

Le 8 octobre 2010 à 18h30 aura lieu le vernissage de la porte de la paix d'Alain De Clerck (Espace Blavier, place du Marché à Verviers).

Les 16 et 17 ocotbre 2010 aura lieu la foire du livre politique à Liège.
Le samedi 16 après-midi, une visite en groupe est proposée. Nous serons accueillis par Jérôme Jamin qui a mené nos cafés citoyens au printemps dernier. Nous participerons à l'un des débats sur les thèmes suivants : modes d'expression culturelle des revendications des travailleurs (au départ de l'exemple liégeois dans les 70') OU l'avenir de la défense en Belgique (détails sur le site de la foire du livre).
Désignez le débat auquel nous participerons, à la majorité des opinions exprimées : inscrivez-vous provisoirement à l'un ou l'autre. Mention du résultat : le 13 octobre.

Le 29 novembre 2010, un covoiturage est proposé pour assister au café politique "Belgique, laboratoire de la désunion européenne" avec Jean-Pierre Stroobants, auteur du livre portant le même tire, correspondant du Monde à Bruxelles. Animation: Marc Vanesse (ULg). Inscription souhaitée pour le 25/11/2010

vendredi 10 septembre 2010

Pourquoi on parle le français (ou presque) à Verviers ? (I)

1ère partie : la colonisation romaine
Quelles langues a parlé la population de Verviers dans sa vie quotidienne (non pas la langue écrite, lue dans les livres, les journaux ou pratiquée dans les actes administratifs mais celle réellement usitée dans la vie courante) ?
La langue celte (ou gauloise, assez unifiée) a été présente dans la région pendant 1500 ans. Ensuite, à partir de la colonisation romaine, la langue évolué : d’abord en un mélange aux proportions incertaines entre le celte et le latin populaire, ensuite en un ‘dialecte’ roman local sous les Mérovingiens (qui n’a guère laissé de traces), puis, du milieu du VIIIème siècle jusqu’aux années 1980 (?), vers le wallon, avec une connaissance passive du français depuis 1250 tendant vers un bilinguisme de plus en plus soutenu, enfin vers le français (avec ses belgicismes) depuis 30 ans.
On constate qu’actuellement, le wallon recule à mesure de la disparition de la population la plus âgée et devient une langue morte, bientôt considérée comme patrimoine culturel. Le nombre de locuteurs en wallon a brusquement décliné entre 1930 et 1960, après des siècles de stabilité. La création de la Région wallonne, organe de l’Etat belge, n’a nullement enrayé la chute.
Verviers aurait pu devenir néerlandophone ou germanophone. Nulle prédestination en la matière : la langue est bien le produit de l’interaction entre les hommes.
Verviers est aujourd’hui proche de la frontière linguistique qui sépare le français de l’allemand. Dans le passé, elle en était plus proche encore.
Voyez l’étymologie de Stembert - stein berg, montagne de pierre, celle de Grand et Petit-Rechain - habitation (germanique, -haima) du riche, du puissant (germanique, rikja-). Plus à l’est, celle de Bilstain dont le nom signifie roche (-staina) en saillie (bili-). Ces noms ont été formés à la suite de la colonisation franque qui a poussé jusqu’au voisinage immédiat de Verviers sans vraiment s’y établir, indique Henri Pirenne.
Lorsque Jules César arrive près de Liège (-54), il y combat les Eburons (celto-germaniques), qui possèdent une forteresse à Atuatuca : peut-être s’agit-il de l’actuelle Tongres, située sur l’arrête séparant les bassins hydrographiques mosan et scaldien.
En peu de temps, Rome conquiert les Belges. Pendant trois siècles d’occupation romaine, les campagnes de la province sont au contact avec les légions et les colons qui sont venus vivre dans la région. La centralisation politique s’opère à partir de Tongres (qui sera finalement la seule grande ville romaine de l’actuelle Belgique).
Pour vivre, il faut savoir communiquer avec les occupants qui développent le commerce et l’industrie. Les colons romains parlent le latin vulgaire. Ce latin parlé, dépourvu du squelette de l’écriture, se différencie localement au contact avec le celticisme rémanent.
Par ailleurs, les Romains intègrent des dieux gaulois au Panthéon (telle la déesse Arduinna-la-Noire, chevauchant les sangliers, assimilée à Diane et source des célèbres Vierges noires).

La rurale et paisible Verviers a-t-elle échappé à la romanisation ? Certains auteurs estiment que les Romains n’ont été présents qu’à Tongres et dans quelques lieux, sans se répandre dans les campagnes. Pourtant, les traces archéologiques à Verviers ne peuvent qu’impressionner : une médaille en argent de l'empereur Hadrien trouvée en face du pont des Récollets ; une monnaie en or d'Antonin le Pieux au pied de la Montagne de Hombiet ; un trésor monétaire à Petit Rechain (50 pièces en argent, époques de Valérien et Gallien, Chaussée de la Seigneurie) ; des vestiges d’un cimetière romain en Terre Hollande ; plusieurs tombes romaines contenant des vases perdus par la suite, à l’exception de quatre acquis par J.S. Renier, actuellement au musée communal de Verviers ; quatre tombes romaines à Stembert (lieu-dit Trawa) qui fournit trois monnaies de bronze, une épingle en cuivre doré, quatre objets de bronze, deux en verre, une statuette, 26 poteries (beaucoup de ces découvertes furent abîmées durant ces fouilles d’une époque révolue) ; des vases romains trouvés à Heusy (Thiervaux, villa Laoureux) dans un tumulus aplani durant le chantier.


Au 1er siècle, Theux (appelé Tectis) et Juslenville possèdent une villa, des thermes, un temple dédié à Jupiter, Junon et Minerve, un cimetière belgo-romain (daté de 70-80 après JC). A Spa, nous découvrons d’autres souvenirs romains. A l’époque, Liège n’est guère plus développée : une villa romaine munie d’un hypocauste sur le site de l’actuelle Place Saint-Lambert.

Rien ne permet d’affirmer avec certitude que le celte aurait survécu dans les campagnes jusqu’à l’arrivée du christianisme qui fut pionnier en 330-350, mais qui ne se développa véritablement qu’après l’arrivée des moines de l’Abbaye de Stavelot à partir de 650. Le wallon ne dérivant pas du celte, mais bien du latin parlé, il faut bien envisager une longue pénétration des langues romanes dans les populations pour expliquer son essor dans la région, avant l’arrivée de l’ancien français (dialecte d’île de France, illustré par la Chanson de Roland).
A SUIVRE...

samedi 4 septembre 2010

Toponymie de Verviers

Une célèbre encyclopédie en ligne - qui pour beaucoup d’entre nous fait office de référence mondiale - nous livre deux étymologies contradictoires :
(1) « Le nom de Verviers pourrait provenir de l'anthroponyme Virovius, qui aurait donné le toponyme Viroviacus » (ndlr: ‘l’endroit du romain dénommé Virovius’, thèse détaillée plus loin).
(2) « L'élément ‘–viers’ se retrouve dans 3 communes du nord de la France : Louviers et Reviers (Normandie), ainsi que Grand-Laviers (Picardie). Il pourrait procéder de l'élément (celtique ?) ver/var, hydronyme assez commun ». Exemple : le Var, fleuve qui se jette dans la Baie des Anges à côté de l’aéroport de Nice, terre des Celto-Ligures. On retrouve aussi la racine ‘ver’ dans Warvick, ville d’Angleterre. Ladite racine se rattache au sanskrit vā́r et au tokharien wär « eau » (langues indo-européennes).
Dans Etudes étymologiques & linguistiques sur les noms romans et bas-allemands de la Belgique (1880), G. Bernaerts évoquait p. 316-317 la similitude de l’étymologie de Verviers avec celle de deux autres villes d’origine romaine : Vervoz (commune de Clavier) et Wervik/Wervicq-Sud (près de Mouscron, à cheval sur l'actuelle frontière franco-flamande).
Dans son Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles (2005), Jean-Jacques Jespers avance que Verviers et Vervoz proviendraient tous deux de 'Viroviacus', mot gallo-romain composé de Verôvos (excellent, en celte) et -acus (terre, lieu), et signifieraient donc ‘très bonne terre’.
En ce qui concerne Verviers, cette thèse innove, les linguistes affirmant généralement que le suffixe ‑acus s’est adjoint au nom du propriétaire romain pour désigner son domaine : on dit qu’à l’origine, Verviers était le domaine de Virovius qui exploitait une ferme-villa sur l’emplacement actuel de la Place du Marché, la Summa Villa fondatrice de Verviers, à l’image du Palatin romain.
Wervik/Wervicq-Sud est nommée 'Viroviacum' par l’Itinéraire d’Antonin et 'Virovino' par la table de Peutinger. Wervik serait une des plus vieilles villes de Belgique ; sur la route romaine de Tournai à Kassel, elle figurait dit-on comme un lieu de repos. C’est là que la chaussée romaine traversait la Lys.


De son côté, Vervoz est nommée 'Vervigum' dans les textes chrétiens latins du Moyen-âge (862). Vervoz était située sur la route romaine reliant Dinant à Cologne.

A notre connaissance, il n’existe pas de document d’époque qui désigne Verviers sous le toponyme ‘Viroviacus’. Sous l’empire romain, Verviers était un obscur hameau. Aucune variante de Verviers n’apparaît non plus à l’époque franque, comme c'est le cas pour Wervik ('Viroviacensis'). Verviers n’apparaît qu’au XIIème siècle sur un document de l’Abbaye de Stavelot.

Ne doit-on pas s’étonner, si l’on accepte 'Viroviacus' (et sa variante en -acum) comme le nom porté sous l’empire romain par trois bourgs belges, que l’on puisse retrouver aux trois endroits un personnage romain nommé Virovius, suffisamment important pour qu’on parte de son patronyme pour nommer son domaine et plus tard son voisinage ?

En réalité, le sens du suffixe –acus est d’usage plus large qu’en référence à un propriétaire romain : le toponyme 'Andoliacus' (actuellement Andouillé près de Laval) en témoigne, qui a trait au mot celte « dol », signifiant ‘méandre’ ; de même, le mot celte 'condate' qui préside à la destinée de 26 Condé du nord de la France signifiait confluent (au Moyen-âge, on écrivait Condacum ; voir Kontich en Belgique, au confluent Rupel/Nèthe).

On remarquera avec amusement l’initiative consistant à considérer le Viroviacum de Wervik comme un hommage à un chef de village celte vaincu, Verovos dont l’existence reste mystérieuse.

Retenons, en oubliant l’imagination des faiseurs de légendes (bien que celle d’un futur Saint Remacle détruisant le temple de Diane sur la Place du Marché nous plaise particulièrement), que Verviers était certes un obscur hameau, mais que les Gaulois le désignaient déjà comme une excellente terre. Ce qui est du reste une pure vérité !

dimanche 29 août 2010

Cité lainière

Châteauroux, ville de 47.000 habitants, située au sud-est de Bourges, entre la Brenne et le Berry (ville d’enfance et de jeunesse de Gérard Depardieu), évoque Verviers à l’occasion des Journées du Patrimoine qui s’y dérouleront les 18 et 19 septembre prochain. Elle accueille une exposition itinérante, Châteauroux et les cités lainières d’Europe - découverte d’un patrimoine industriel commun : 14 villes drapières d’Europe sont illustrées par près de 700 photographies.
En 1856, Pierre Balsan, industriel héraultais, a créé à Châteauroux une industrie du drap de laine parmi les plus importantes - six hectares d'usine - et les plus modernes du pays. En 1910, les établissements Balsan occupaient 1200 travailleurs. L’usine a été fermée en 1982, la société transférée à 15 km de la ville ; reprise dans le groupe belge Associated Weavers (Renaix), l’activité est passée du drap (le « bleu horizon » militaire de la 1ère guerre mondiale) à la moquette de qualité.
L’industrie lainière de Châteauroux se voulait proche de la source. (L’Encyclopédie de Diderot mentionne : « Le Berry & le Beauvoisis sont de tout le royaume les lieux les plus garnis de bêtes à laine »).


On peut en dire tout autant de Verviers. L’Atlas des paysages de la Conférence Permanente du Développement Territorial (2007, Région wallonne) note : « A partir du 15e siècle, la fabrication et le commerce du drap prennent une certaine importance dans la vallée de la Vesdre, à Verviers et à Eupen. A cette époque, la laine provient de l’élevage des moutons qui parcourent les landes abondantes dans cette région. Utilisant la force motrice de l’eau et le charbon de bois des forêts voisines, des moulins à fouler la laine s’égrènent dans la vallée. Certains sont des anciennes forges transformées suite à une interdiction de forger des armes faite à la population par les ducs de Bourgogne. »
Après des siècles d’artisanat, sous Napoléon, l’industrialisation déferle sur Verviers, brisant le monopole anglais. Cette histoire nous est racontée par plusieurs auteurs : Antoine Gabriel de Becdelièvre-Hamal – 1836, Charles Ballot - 1923, Pierre Lebrun - 1948, Louis Bergeron - 1971, Claude Desama – 1985, Gérard Gayot - 2002, Eliane Gubin – 2006.
Quel aurait été le développement de Verviers et de ses environs si Henri Mali, représentant les intérêts de Marie-Anne Simonis (épouse Biolley) et son frère Iwan, n’avait pas, lors de son passage à Hambourg, montré de l’intérêt pour la proposition de William Cockerill, rencontré par hasard, qui avait déjà échoué à faire des affaires en Suède et en Russie ?
La proposition de William Cockerill visait à opérer une immense économie de main d’œuvre et de temps : « L’innovation technique qui a tout déclenché (ndlr : la technique était connue en Angleterre depuis longtemps), c’est l’assortiment de William Cockerill, cette combinaison de mécaniques, mue par la force hydraulique et opérationnelle à partir de janvier 1801, composée d’une machine à drousser (…) pour le cardage en gros et le mélange des couleurs, d’une machine à carder pour le cardage en fin, d’une machine à filer en gros (…), et de quatre machines à filer fin (…). Prix 12 000 F ». (Ndlr : la fortune de la famille Simonis à l’aube de la révolution industrielle est évaluée à 4 millions de francs).
Adriaan Linters rapporte que la machine à carder et la machine pour filature de gros remplacent chacune 24 ouvriers, les machines à filer fin remplacent chacune 24 ouvriers, soit une économie de 144 emplois. Gérard Gayot précise, page 11 de son passionnant article : « Pour un assortiment en fin, il faut 10 personnes, (…) un homme pour placer la laine sur la table (un drousseur), un homme pour filer en gros, trois garçons ou filles de 10 à 13 ans (…) pour mettre la laine cardée sur la machine à filer, 4 garçons ou filles de 16 à 18 ans (…) pour filer en fin, une aspleuse. Ces dix personnes, dont sept adolescents et enfants font le travail de 50 à 70 personnes ».
Vendue d’abord aux Simonis et aux Biolley en 1801, la machine se répandit parmi tous les drapiers, notamment grâce à James Hodson, gendre de William Cockerill. En 1810, Verviers était devenu le premier centre continental de la draperie cardée.


Jean Knott retrace la suite de l’histoire de la cité lainière : Verviers connut une reconversion à partir de 1850 en se spécialisant dans le traitement de la laine. L'expansion se fera de manière décisive après 1860, par l'exploitation de nouvelles ressources lainières venues d’Amérique du Sud, d’Afrique du Sud et d’Australie, et la mise au point de nouvelles technologies, plus particulièrement celles se rapportant à la préparation de laine avant transformation (le lavage, l'échardonnage, l'épaillage chimique ou carbonisage). En 1900, la production mondiale de laine était de 730.000 tonnes dont 110.000 tonnes étaient traitées à Verviers soit 15 % de la production mondiale. 1912 fut l'année record avec 112.000 tonnes de laine exportée, ce fut également la dernière ‘bonne année’. L’introduction des premiers détergents en 1910, qui ne nécessitent plus, comme pour le savon, l'utilisation d'eau douce, a eu raison petit à petit des atouts de la région en matière de qualité des eaux. Le traitement de la laine se fit sous d’autres cieux et la laine elle-même fit place à d’autres fibres.

mardi 24 août 2010

Un programme culturel intense pour la rentrée!

Ce samedi 4 septembre 2010, de 16 à 18 heures, l'Académie des Beaux-Arts de Verviers vous invite au vernissage de l'exposition 'Autour d'un Verre d'eau' (mais... il n'y aura pas que de l'eau!), qui nourrit la réflexion que nous mènerons sur la situation au Proche-Orient, avec une attention particulière portée à cette ressource essentielle qu'est l'eau. Formalim, centre de formation aux métiers de l'eau, partenaire dans cette activité, accueille chaleureusement cette exposition du 4 septembre au 1er octobre 2010, rue de Limbourg 41B à Verviers. L'exposition est riche en oeuvres de grande qualité, sélectionnées parmi les meilleures réalisations des "académiciens" !

Le dimanche 5 septembre 2010, rendez-vous à 10 heures 15 à la gare centrale de Verviers ou à 11 heures 50 au Parking B7 (Faculté de Droit) au Sart-Tilman, pour une visite guidée par Françoise Debauve, professeur d'Histoire de l'art à l'Académie des Beaux-Arts de Verviers. Les concepteurs du campus du Sart-Tilman innovèrent en introduisant l'art dans le quotidien ; nous découvrirons les expériences des plus grands noms de l'architecture et de l'art belge contemporain tels que Charles Vandenhove, Pierre Alechinsky ou Jo Delahaut.
Il est prévu que les verviétois seront à temps pour assister au Premier Dimanche du Mois au Musée des Beaux-Arts de Verviers, à 15 heures.

Le vendredi 10 septembre 2010 à 17 heures 30, vernissage des expositions "Paysages humains, Visages urbains", photographies du muraliste mexicain Adrian Jurado et de la photographe verviétoise Héloïse Vande Wiele et "Mural pour la Paix" du même Adrian Jurado.
L'exposition est réalisée grâce à la collaboration avec la Maison de l'Amérique latine à Bruxelles.
Le vernissage aura lieu à l'Espace Duesberg à Verviers en présence des artistes.
Des ateliers pour enfants de 5 à 10 ans auront lieu les dimanches 12, 19 et 26 septembre 2010 à 13h et à 15h30, sur réservation.
Paysages Humains, Visages Urbains est une sélection de photos sur la thématique urbaine, humaine et contextuelle de la Havane par deux artistes qui ont pour objectif de rendre compte de l’appropriation de l’espace public, lequel peut être converti en un prétexte pour créer l’art à partir de rien.
Ils aiment à combiner à leurs expositions d’autres formes d’expression artistiques, mises à contribution pour renforcer l’esprit d’appropriation, telle la danse urbaine.
Adrian Jurado pratique par ailleurs la peinture murale. Discipline caractérisée par le grand format, elle se distingue fondamentalement du graffiti, comme aime à l’expliquer l’artiste.
Avec la verviétoise Héloïse Vande Wiele, ils présentent un travail commun et une œuvre qui lui est complémentaire, fondés sur une même conscience de l’espace et de ses habitants.
Le Mural pour la Paix est une peinture portable de 10 mètres de long sur 2 mètres de haut, inspirée par la guerre en Irak, retravaillée cet été en vue de son exposition à Verviers.
Adrian Jurado évolue sans cesse, livrant une production artistique techniquement des plus intéressantes, mêlant un faisceau d’influences allant de la fresque au cinéma, inspirée des grands sujets de préoccupation de l’humanité (guerre, souffrance) ou sociaux (consommation, solitude). Ses derniers travaux l’ont mené à s’intéresser davantage aux lieux, à l’emprise du temps, aux évolutions de nos paysages urbains.
Il ne faut rater sous aucun prétexte la possibilité offerte aux verviétois(es) de dialoguer avec les deux artistes, car s’ils expriment l’essentiel au travers de leur art, ils expliquent de façon captivante leur conception d’un art engagé.

lundi 23 août 2010

Les trésors de la littérature de Verviers et environs.

Guy Delhasse propose ce mercredi 25 août 2010 une promenade littéraire et musicale sur fonds de textes d’auteurs verviétois et de souvenirs de Pierre Rapsat. L’initiative prépare la sortie d’un guide littéraire de Verviers (avec Dison, Pepinster et les Fagnes) le 16 octobre prochain. Guy Delhasse a déjà publié les guides littéraires de Huy, de Liège et de Spa. L’auteur convie le public à marcher dans les rues à la recherche des écrivains et romans du passé et du présent. « C'est l'art de la rue au service de la littérature », confie-t-il dans les pages de Best-of-Verviers, et ajoute : « A Verviers, plusieurs romans évoquant la ville viennent de sortir. Il y a vraiment de l'écriture, du dynamisme littéraire à Verviers. »
L’annonçe de la promenade mentionne des noms d’auteurs, avec trois petits points :
Christian Beck (1879-1916). André Blavier parlait de lui en ces mots: « J'ai été attiré par lui par ce qu'on pourrait appeler la légende Christian Beck. Je savais qu'il était le prototype du singe papion Bosse-de-Nage dans Faustroll (Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien de Jarry, 1898 - ndrl) ; je savais que Gide l'avait mis en scène (en Lucien Bercail, personnage inquiet, tributaire du regard de l’autre, dans Les Faux Monnayeurs, 1925 – ndlr) ; je savais que ce petit Verviétois, parti avec beaucoup d'insolence inconsciente à la conquête de Paris, avait été, au début, très favorablement accueilli par les plus grands: Verhaeren, Maeterlinck, Claudel (…), Jarry – Jarry, dont il semble avoir été le meilleur ami pendant un temps, et là on ne s'explique pas la rupture qui semble s'être produite, sinon peut-être par le fait que Beck était peut-être, de tous, celui dont le comportement singeait le plus exactement celui de Jarry… ce qui a pu agacer l'un ou l'autre».
André Blavier (1922-2001). Il n’est pas à présenter. Son ouvrage de référence s’intitule
Les Fous Littéraires, paru pour la première fois en 1982, revu et enrichi en 2001 par les Editions des Cendres. Cette «encyclopédie» contient plus de 1.000 pages où sont recensés plus de 3.000 auteurs. Dans l’ouvrage, il cherche à rassembler ceux qui n'ont réussi à obtenir aucune reconnaissance, ni par la communauté intellectuelle (sauf exceptions), ni par le public, ni par la critique, publiés souvent à compte d'auteur, et qui traitent de sujets considérés comme très décalés ou désopilants, sans toutefois que ce soit leur intention. « Come fare a raccogliere millecinquecento opere di pazzi letterari? È il compito di una vita, e l'opera di un genio. », écrit Umberto Eco.
Albert Bonjean (1859-1939). Avocat connu pour être le chantre des Hautes Fagnes et pour sa légende controversée de Michel Schmitz, égaré miraculé. En face de la Baraque Michel, une stèle évoque l’écrivain qui parraina en 1935 l'ASBL «Les Amis de la Fagne». Albert Bonjean est cité comme promoteur du remplacement en 1931 de la Croix des Fiancés (datant de 1893) à la borne-frontière 151 (ancienne frontière entre la Belgique et la Prusse). La croix de 1931 a été remplacée en 1984 et se trouverait, selon Stéphane Rood, au ‘Musée de Verviers’.
Adolphe Hardy (1863-1954). Ami du précédent, poète, écrivain, journaliste, mieux connu grâce à la Fondation Aldolphe Hardy à Dison. En 1906, le poète Frédéric Mistral écrit à Hardy : « J’ai suivi avec plaisir La Route enchantée que vous avez ouverte et découverte... elle est douce et fleurie, claire comme l’eau pure. » Autre lettre de Mistral en 1910 : « ... votre poésie naturelle, fraîche et pure comme l’eau de source est née pour plaire, elle est claire et limpide et classique en tout le paysage qui l’a fit éclore et apprécier dans sa couleur et sa simplicité». Lisez également une présentation sur un document d’époque (page 18).
Léon Norgez. Auteur proche de Paul Biron, analyste des aventures de Mon Mononke (Portrait de Mon Mononke, 1981). Auteur de Brioche & Cie encagés (1955) - Norgez fut prisonnier au Stalag IX-A à Ziegenhain -, d’En ce temps-là, Elisabeth (1973) et d’Aux racines des Etoiles (1976).
Joseph Ozer. Auteur de romans de scoutisme. Egalement : La légende merveilleuse de Godefroid de Bouillon (1938) - Le Bouquet de Linaigrettes (1958).
Arnold Couchard qui vient de publier Dérisoires supputations, est l’organisateur de la manifestation – « Au rendez-vous des écrivains » – qui réunit tous les deux ans à Verviers, des auteurs de la région.
Pour poursuivre la liste ébauchée dans l’annonce de la promenade de Guy Delhasse suivant le travail de la Fondation Hardy, citons :
Luc Hommel (1886-1960), auteur en 1922 de
La Boutique Crickboom, où « il relate en une écriture fine et distinguée des souvenirs d'enfance se déroulant au pays de Verviers ». Henri-Jacques Proumen (1879-1962), connu pour sa connaissance de la science-fiction. Martin Lejeune (1859-1902), poète et auteur wallon. Maurice Beerblock (1880-1962), poète de saynètes à la nostalgie d’une musique de chambre (voir Lettres françaises de Belgique: La poésie, Robert Frickx, Raymond Trousson, 1994). Armand Carabin (1907-1987), auteur d’un Verviers Littéraire Anecdotique (1981). Il y a lieu d’ajouter à cette liste, pareillement, des points de suspension…